L’inquiétude autour de Wout van Aert : “il y a une limite”
Wout van Aert, l’un des cyclistes les plus complets et talentueux de sa génération, fait face à des préoccupations croissantes quant à son état physique et mental. Après des saisons chargées, des performances exceptionnelles et un calendrier intensif, les discussions se multiplient au sein du monde du cyclisme, notamment sur sa capacité à maintenir un haut niveau sans risquer de surmenage. La phrase “il y a une limite” prend de plus en plus de sens pour le coureur belge, au sommet de sa carrière mais confronté à la dure réalité des contraintes que son corps et son esprit peuvent supporter.
Wout van Aert est reconnu comme l’un des cyclistes les plus polyvalents du peloton mondial. Il excelle aussi bien en cyclo-cross qu’en course sur route, et sa capacité à gagner sur presque tous les terrains est impressionnante. Ses victoires sur les grandes classiques telles que Milan-San Remo, l’Amstel Gold Race, et ses performances sur les étapes du Tour de France montrent son énorme talent. Ajoutez à cela ses nombreuses victoires en contre-la-montre et ses exploits en cyclo-cross, et l’on obtient un athlète complet et extrêmement sollicité.
Cependant, cette polyvalence, si spectaculaire pour ses fans, a aussi un coût. Van Aert n’a que très peu de périodes de repos entre les différentes disciplines, enchaînant saisons de cyclo-cross en hiver et celles de course sur route au printemps et en été. Cette charge physique et mentale commence à faire craindre un épuisement pour le coureur de l’équipe Jumbo-Visma.
Les observateurs avertis ont noté que Wout van Aert semblait ces derniers mois moins dominant que lors de ses précédentes saisons. Bien qu’il continue d’obtenir des résultats admirables, il est clair que la fatigue commence à s’accumuler. Les grandes attentes placées sur ses épaules, combinées aux objectifs ambitieux de son équipe, le mettent sous une pression constante. Van Aert est souvent considéré comme le pilier de l’équipe Jumbo-Visma, devant soutenir ses coéquipiers tout en visant ses propres victoires.
À plusieurs reprises cette saison, le Belge a exprimé des frustrations face à cette pression. “Il y a une limite” a-t-il déclaré lors d’une interview récente, faisant référence à la difficulté de maintenir un équilibre entre performances élevées et repos. Il a également souligné que son calendrier surchargé, avec des participations à plusieurs classiques, grands tours et championnats mondiaux, commençait à avoir un impact sur sa forme.
La notoriété de Van Aert est à double tranchant. D’un côté, elle lui a permis de devenir l’un des cyclistes les plus appréciés et respectés au monde, mais de l’autre, elle implique des attentes immenses à chaque course. Les médias, les fans, et même son équipe attendent de lui qu’il soit constamment dans le top 10, voire sur le podium. Cette pression, bien qu’elle puisse motiver certains athlètes, peut aussi devenir une source de stress pour d’autres.
Pour Van Aert, ces attentes sont particulièrement élevées car il excelle dans tellement de domaines : sprinteur, rouleur, grimpeur et cyclo-crossman. Il est souvent vu comme la clé de voûte de l’équipe Jumbo-Visma, surtout dans des événements comme le Tour de France où il doit non seulement viser ses propres objectifs, mais aussi soutenir ses coéquipiers comme Primož Roglič ou Jonas Vingegaard dans leurs ambitions de classement général.
Avec cette accumulation de fatigue, la question se pose : Wout van Aert doit-il revoir ses priorités et peut-être se concentrer davantage sur certaines disciplines plutôt que de tout faire en même temps ? De nombreux experts soulignent que même un athlète aussi talentueux que Van Aert a besoin de repos pour éviter l’épuisement professionnel. Un calendrier aussi chargé que le sien pourrait nuire à sa carrière à long terme s’il ne prend pas de pauses régulières pour récupérer physiquement et mentalement.
Certaines voix dans le monde du cyclisme, y compris des anciens champions, suggèrent que Van Aert devrait envisager une approche plus ciblée, en se concentrant par exemple sur les classiques ou sur le Tour de France, plutôt que d’essayer de tout gagner. De plus, la dynamique familiale joue désormais un rôle important dans ses décisions, car Van Aert et sa femme Sarah De Bie ont accueilli leur fils, Georges, en 2021. Cela a naturellement ajouté une nouvelle dimension à sa vie, et il a lui-même reconnu vouloir passer plus de temps avec sa famille.
Le chemin qui s’offre à Wout van Aert est délicat. D’un côté, il a encore de nombreuses années au plus haut niveau devant lui, et il pourrait continuer à accumuler les victoires majeures. De l’autre, il devra trouver un équilibre pour préserver sa santé à long terme. La gestion des attentes, tant de la part de son équipe que de lui-même, sera cruciale pour éviter le burn-out.
Van Aert pourrait choisir de réduire son calendrier, en abandonnant peut-être certaines courses de moindre importance pour se concentrer sur les événements qui comptent vraiment pour lui, comme les Monuments ou les grandes étapes du Tour de France. Il pourrait également envisager de réduire sa participation au cyclo-cross, qui, bien qu’il soit une discipline qu’il adore, demande un effort intense pendant la période de récupération hivernale.
Quoi qu’il en soit, il est clair que le Belge a conscience de la situation et qu’il est prêt à prendre des mesures pour protéger sa santé. “Il y a une limite”, a-t-il rappelé, un avertissement qui résonne non seulement pour lui-même mais pour tous les athlètes d’élite. Le cyclisme moderne, avec ses exigences croissantes et son calendrier implacable, nécessite une gestion intelligente des ressources physiques et mentales.
Les préoccupations concernant Wout van Aert sont fondées, mais elles ne doivent pas être interprétées comme un signe de faiblesse. Au contraire, elles montrent la sagesse d’un athlète à l’écoute de son corps et de son esprit. À 29 ans, Van Aert a déjà accompli bien plus que la plupart des coureurs dans toute leur carrière, mais il sait que pour durer et continuer à briller, il devra peut-être faire des choix difficiles. L’avenir de ce champion dépendra de sa capacité à trouver cet équilibre, à écouter son corps et à repousser, mais sans dépasser, ses propres limites.